Sylvie Guillem, selon ses propres mots – octobre 2025 :
Née le 23 février 1965 à Paris.
Danse jusqu’en décembre 2015 minuit !
Productrice d’une excellente huile d’olive …
Amoureuse et respectueuse de la nature et des animaux.
Pour plus d’informations (vraies ou fausses), RDV sur internet …
Si des prouesses techniques ont marqué le début de carrière de Sylvie Guillem, c’est le théâtre qui l’a séduite et a fait d’elle la grande Étoile de sa génération. Née à Paris, elle commence comme gymnaste avec des ambitions olympiques, puis change de voie à 11 ans, lors d’une visite de perfectionnement à l’école de danse de l’Opéra de Paris avec son groupe. Les enseignants l’acceptent avec enthousiasme, impressionnés par sa morphologie exceptionnelle, ses pieds admirables, son incroyable détente et, tout autant, par son intelligence et sa détermination. À peine élève, elle se fait remarquer dans les spectacles scolaires de ballets de David Lichine, Albert Aveline et Attilio Labis. Entrée à la compagnie de l’Opéra à 16 ans, elle gravit rapidement les échelons, obtenant chaque année une promotion lors des concours annuels.
Rudolf Noureev, nommé directeur artistique de la compagnie alors qu’elle entamait sa troisième année, lui confie un petit rôle dans sa première production, Raymonda, rapidement suivi d’autres, au fur et à mesure qu’il diversifie le répertoire. Sa technique vive et légère brille dans les solos de la vision des Ombres dans La Bayadère, et son interprétation de Divertimento No 15 de Balanchine révèle un style affirmé. Plus encore, elle éclipse ses partenaires dans No Man’s Land de Rudi van Dantzig, où son sens dramatique puissant crée un portrait convaincant de tension et de tendresse, d’angoisse et d’indépendance déterminée. En décembre 1984, à 19 ans (cinq jours seulement après sa promotion au rang de première danseuse), Noureev la nomme étoile sur scène à l’issue de son premier Lac des cygnes.
Dans les années suivantes, de nombreux chorégraphes invités la mettent à l’honneur dans leurs créations. William Forsythe ouvre la voie avec France Danse puis lui confie le rôle central dans In the Middle, Somewhat Elevated. Maurice Béjart crée pour elle Mouvements Rythmes Études et Arépo, et elle se distingue dans GV10 de Carole Armitage. John Neumeier lui offre un solo brillant dans Magnificat. Expérience particulièrement marquante : la création du minimaliste Le Martyre de Saint Sébastien de Robert Wilson. Jerome Robbins choisit de monter In Memory of… spécialement pour elle, et elle se distingue dans le programme Antony Tudor de la compagnie ainsi que dans Song of the Earth de MacMillan, ainsi que dans d’autres œuvres de Balanchine, Béjart et Lifar. Naturellement, elle danse également les grands classiques : Noureev la préfère dans son Don Quichotte (« comme du champagne », disait-il), et en 1986, il lui confie le rôle-titre de sa Cendrillon hollywoodienne.
Cependant, face au refus de l’administration de l’Opéra de modifier son contrat pour faciliter ses engagements à l’étranger, elle démissionne en 1988 et fait de Londres sa base principale, avec un contrat d’artiste invitée avec le Royal Ballet. Ses rôles y incluent, en plus des classiques, Birthday Offering et Cinderella d’Ashton, Marguerite et Armand (remplaçante de Fonteyn), A Month in the Country, Roméo et Juliette, Manon, Prince of the Pagodas, Winter Dreams de MacMillan, et The Concert de Robbins. Son désir d’élargir son répertoire inspire des productions de Mats Ek (Carmen) et de Forsythe (Herman Schmerman, Steptext, Firsttext), et plusieurs pièces emblématiques sont créées uniquement pour elle : Other Dances de Robbins, La Luna de Béjart, ainsi que le virtuose Grand Pas Classique de Victor Gsovsky, auquel elle apporte une touche inattendue d’humour.
Voyageant dans le monde entier avec de nombreuses compagnies (y compris l’Opéra de Paris), elle enrichit son répertoire avec des rôles comme Zarema dans La Fontaine de Bachkirsaraï de Rostislav Zakharov pour le Kirov Ballet, ou Fall River Legend d’Agnes de Mille avec l’American Ballet Theatre. Béjart crée trois ballets supplémentaires pour elle, dont Sissi Impératrice, et la place dans deux de ses œuvres les plus célèbres, Boléro et Le Sacre du printemps. Mats Ek réalise deux ballets filmés spécialement pour elle, Wet Woman et Smoke. Des collaborations avec la cinéaste Françoise Va Han documentent sa carrière, incluant des improvisations personnelles et le solo Blue Yellow, créé par le chorégraphe britannique indépendant Jonathan Burrows.
L’intérêt de Guillem pour la danse contemporaine la conduit à expérimenter des versions de deux solos de la pionnière expressionniste allemande Mary Wigman, Summer Dance et The Witch’s Dance, présentés lors d’un programme expérimental à La Haye en 1998. La même année, convaincue par Jorma Uotinen, alors directeur du Ballet National de Finlande, elle monte sa propre version d’un des plus anciens ballets classiques, Giselle, cherchant à restaurer la logique narrative et à situer l’action dans un village plus crédible. Cette version est jouée à Helsinki, Paris, puis remaniée pour le Ballet de La Scala à Milan, et présentée au Met de New York, à Covent Garden, Los Angeles, ainsi qu’en tournée en Espagne et en Italie.
Aujourd’hui, Guillem s’oriente largement vers la chorégraphie contemporaine. Ses activités actuelles débutent en décembre 2003, lorsqu’elle collabore avec Michael Nunn, William Trevitt et le chorégraphe Russell Maliphant sur Broken Fall, créé au Royal Opera House dans un programme conjoint avec le Royal Ballet. Cette collaboration se poursuit avec un programme entièrement signé Maliphant, présenté au Sadler’s Wells ainsi qu’en France, Japon, Italie, Suisse et Allemagne. La seconde soirée Maliphant, PUSH, inclut deux créations supplémentaires, un nouveau solo et un duo Guillem-Maliphant. En 2006, elle collabore avec Akram Khan pour Sacred Monsters, et en 2009 avec Maliphant et Robert Lepage pour Eonnagata. Ces productions sont largement tournées en Europe, Amérique, Asie et Australie. En 2011, Guillem conçoit un programme hommage à trois grands chorégraphes contemporains : Mats Ek, William Forsythe et Jiří Kylián, sous le titre 6000 miles away, dédié au peuple japonais touché par le tsunami alors qu’elle répétait à Londres.
En 2012, Guillem reçoit le Lion d’Or pour l’ensemble de sa carrière à la Biennale de Venise, un honneur auparavant décerné uniquement aux chorégraphes William Forsythe et Caroline Carson. En 2015, elle est également distinguée par un prix spécial aux Olivier Awards, célébrant l’ensemble de sa carrière.
Après cela, nul ne peut prédire la suite, mais il est impossible d’imaginer que le monde de la danse ne bénéficie pas encore de l’apport unique de Sylvie Guillem, déjà honorée de multiples distinctions : Officier de la Légion d’Honneur, Commandeur dans l’Ordre National du Mérite, Officier des Arts et Lettres, et en Grande-Bretagne, CBE honoraire. En 2015, elle reçoit également le Prix Impérial Premium.
Biographie par John Percival, MBE, critique de danse émérite de The Times pendant 32 ans, avant de rejoindre The Independent entre 1997 et 2002. Critique à l’esprit vaste et à la connaissance encyclopédique, John Percival a écrit de nombreux ouvrages, dont Nureyev: Aspects of the Dancer (1975), Facts about a Ballet Company (1978), Modern Ballet (1980) et Theatre in My Blood: A Biography of John Cranko (1983). Cette biographie, mise à jour en décembre 2015, a été fournie par Sylvie Guillem, que nous remercions chaleureusement.
Photo : avec l’aimable autorisation de Sylvie Guillem